Je ne dessine pas, je laisse mon corps tracer. C’est lui qui sait, avant moi, avant l’image. Le trait arrive comme une impulsion, une urgence. Il jaillit, il heurte, il danse, il bouscule. Ce n’est pas une recherche, c’est une nécessité.

Je viens du trait. C’est lui qui me porte, qui me traverse, qui m’échappe parfois. Aux Beaux-Arts, j’ai appris les techniques, les cadres, les manières de faire. J’en ai retenu ce qui pouvait nourrir l’instinct, ce qui pouvait affûter l’intuition sans l’enfermer.

Il n’y a rien de figé. Ni dans les corps que je dessine, ni dans mon geste. J’avance dans l’inachevé, dans ce qui vibre encore. Une ligne peut suffire à tout dire. La couleur vient après, comme un écho, un frisson laissé sur la peau du papier.